Hommage à Quentin Mourier, architecte diplômé de l'ENSA-V, doctorant au LéaV, disparu à 29 ans

Victime des attentats à Paris le vendredi 13 novembre
Ce lundi 16 novembre à midi, après la minute de silence observée en mémoire des victimes des attentats, les étudiants, les enseignants, les chercheurs et le personnel administratif de l'ENSA-V ont tenu à rendre un hommage particulier à Quentin Mourier, architecte diplômé de l'école et doctorant au LéaV, laboratoire de recherche de l'ENSA-V. . . . C'est avec une profonde tristesse que nous avons appris la disparition de Quentin Mourier. Notre jeune collègue du LéaV nous a quittés, absurdement assassiné, vendredi 13 novembre 2015, victime des attentats à Paris. Quentin, originaire de Rouffac dans le Haut-Rhin, n'avait pas encore 30 ans. Son diplôme d'État d'architecte en poche, qu'il a passé à l'école d'architecture de Versailles, Quentin Mourier a rejoint le LéaV en 2011 pour développer un projet de recherche doctoral où il interrogeait les formes d'inhospitalité urbaine contemporaines, notamment à travers l'exemple de Détroit. Il appartenait à cette génération de jeunes diplômés qui, loin des stéréotypes véhiculés aujourd'hui, sont poussés dans leur recherche et leur travail par un sens moral aigu et par la conscience de la complexité du monde qui ne peut être déchiffré qu'à condition d'entrer en symbiose avec les situations décrites. Le monde en crise qui l'intéressait était celui de l'utopie ratée du capitalisme fordien. Il y a deux semaines, il était venu expliquer aux étudiant du cours d'histoire les tenants et les aboutissants de cet échec de société. Une recherche que notre laboratoire va prolonger, poursuivre, amplifier, car elle touche à la raison d'être d'une école d'architecture. Avec un ami il avait signé récemment un article important sur la culture, l'agriculture et la décroissance urbaine qui révèle son intérêt pour les mouvements underground nord-américains en relation avec une nouvelle forme de socialisation et d'appropriation temporelle et provisoire des espaces abandonnés. Chargé d'étude à l'Atelier international du Grand Paris de 2011 à 2013, puis à la Fondation AIA architectes ingénieurs, Quentin Mourier avait fait le choix depuis 2014 de mener, en indépendant, des projets collaboratifs à valeurs environnementale et humaine. Pour lui, la recherche et la pratique professionnelle étaient indissociables et s'alimentaient mutuellement. Son engagement l'avait amené récemment à se rapprocher du Detroit Studies Working Group. Il était par ailleurs un membre actif du projet Vergers urbains. Discret mais obstiné, doté d'une large culture loin des sentiers battus traditionnellement par les historiens et chercheurs, Quentin était un esprit libre qui savait, avec une sagesse que l'on atteint en général sur le tard, laisser du temps aux idées pour qu'elles se sédimentent. Le laboratoire de recherche de l'école nationale supérieure d'architecture de Versailles a perdu l'un de ses jeunes et prometteurs chercheurs, les doctorants un ami. Nous nous associons à la douleur de ses proches. « Les guerres naissent dans l'esprit des hommes, c'est dans l'esprit des hommes qu'il faut élever les défenses de la paix ». Cette première phrase de l'acte constitutif de l'UNESCO en 1945 est toujours d'actualité et la culture participe largement à ce travail. Paolo Amaldi, professeur HDR, directeur de thèse de Quentin Mourier Catherine Bruant, directrice du LéaV, ENSA-V Philippe Potié, professeur HDR, responsable du séminaire doctoral