La Maréchalerie

Manèges 2013 _ Cycle de débats _ Créativité et Environnement - pratiques croisées

Sur une proposition de Manola ANTONIOLI (ENSA Dijon et énsa-Versailles), Nathalie BLANC (LADYSS CNRS) Emeline EUDES (LADYSS CNRS), Vincent JACQUES (énsa-Versailles) et Alain MILON (Université Paris Ouest- Nanterre La Défense) dans le cadre du LabEx Arts H2H et en partenariat avec le LéaV (axe de recherche interinstitutionnel « Art, architecture, nature », énsa-v).

Dans le cadre du Labex Art H2H « Ecosophie et imagination environnementale », le LéaV, le LADYSS – CNRS, le centre d’art contemporain La Maréchalerie et l’école nationale supérieure d’architecture de Versailles mettent en place une série de quatre rencontres dédiées à l’esthétique environnementale, afin d’envisager comment cette discipline peut initier de nouvelles pistes de réflexions quant aux rapports que les communautés humaines entretiennent avec leurs environnements. Ces séances ont pour but de mettre en regard les approches développées par les uns et les autre afin d’étudier les points de contact entre des perspectives esthétiques, éthiques et scientifiques, et ainsi mettre en évidence les diverses facettes des notions telles qu’« environnement » et « milieu ». Ces débats sont l’occasion de faire émerger les apports croisés entre art et recherche, autour de problématiques environnementales ; et d’envisager les méthodes à mettre en commun afin de développer une compréhension des facteurs esthétiques, biologiques, physiques, économiques et politiques et ainsi esquisser les formes d’une culture de l’environnement. 

PROGRAMME

_ Débat I - Jeudi 7 novembre - 19h
Architecture et participation habitante
Avec Nicolas Henninger, du collectif EXYZT et Manola Antonioli, philosophe
Modération : Vincent Jacques, philosophe

_ Débat II - Jeudi 14 novembre - 19h
Le partage du sensible urbain
Avec Léo et Gabe des Jardiniers Guérilléros, et Sandrine Baudry, anthropologue
Modération : Emeline Eudes, théoricienne de l’art

_ Débat III - Jeudi 28 novembre - 19 h à l'auditorium de l'énsa-v. Entrée libre.
Esthétique et éthique de l’environnement
Avec Elise Morin, artiste plasticienne et Fabrice Flipo, philosophe Modération : Nathalie Blanc, chercheuse


Que signifie protéger l’environnement, sur les plans éthique et esthétique ? Au nom de quoi agissons-nous ? Quelle place ont les tensions esthétiques, dans la formulation d’une obligation à l’égard des environnements naturels et construits ? Ces questionnements obligent, premièrement, à interroger l’autonomie du champ de l’esthétique, vécue aussi comme une force critique, voire une promesse de liberté au regard des volontés de contrôle et de normativité sociale. Ces interrogations nous conduisent, deuxièmement, à vouloir comprendre les rapports d'une éthique environnementale et de soins donnés aux éléments de notre environnement au nom de leur beauté, ou du plaisir qu’on peut avoir à les pratiquer, de loin, par le biais des médias, ou de près, dans la proximité et la familiarité, manifestant le souci d’une vie persévérante. S’inspirant donc d’une éthique du « care » et d’une éthique environnementale, ce débat concerne les prémisses d’une éthique et d’une esthétique des interdépendances, des solidarités qui valorisent la reconnaissance d’une co-appartenance des êtres vivants, notamment géographique. Il s’agit de mettre en valeur les relations avec les environnements naturels et construits qui participent des éléments d’une co-habitation et d’une co-adaptation réussie. Une telle réflexion s’appuie notamment sur une vision écosystémique de l’environnement. Cette éthique en situation fait sienne la reconnaissance de soi et des autres dans et par l’environnement. Les êtres humains cohabitent et se co-construisent avec les éléments de leur environnement qu’ils qualifient à ce titre et qui les qualifient en retour. Cette dynamique de cohabitation engage les individus dans des situations, les obligent même à des réponses « vives » empathiques. En ce sens, quelle importance ont les formes paysagères, narratives, ambiantales ? Notre hypothèse est qu’il s’agit de donner forme à l’environnement, de le mettre en adéquation avec une sensibilité et de représenter l’environnement concerné par ces valeurs. La formule pourrait être alors : « prends en considération les attachements », reconnaissant ainsi les continuités du « vivant » présentes dans le temps et dans l’espace, comme des principes nécessaires et préalables à l’énonciation d’une justice.

_ Fabrice Flipo, ingénieur et philosophe Ingénieur et maître de conférences HDR en philosophie, il enseigne à Télécom et Management SudParis, une école du groupe Mines-Télécom. Il est l’auteur de plusieurs ouvrages et membre du comité de rédaction des revues Mouvements, Natures Sciences Sociétés et La Revue du Mauss.
_ Elise Morin, artiste plasticienne. Ses installations et vidéos sont empreintes de références aux différentes mutations des paysages contemporains. Le rapport au lieu et le mode de production sont des composantes intrinsèques de son travail qui engage une réflexion sur le rapport qu’entretient la création au bien commun et sur le rôle de l’esthétique dans la compréhension et la valorisation des pratiques et des espaces.

_ Modération : Nathalie Blanc, chercheuse. Directrice de recherche au CNRS, ses recherches portent sur la nature en ville et de l’esthétique environnementale. Elle a notamment dirigé entre 1999 et 2003, un programme sur la nature et le paysage en ville intitulé Des paysages pour vivre la ville de demain. Depuis 2011 elle est déléguée au projet européen Investigating cultural sustainability. ---

_ Débat IV - Jeudi 12 décembre 19h à l'auditorium de l'énsa-v _ Entrée libre
Plasticité des formes de vie et de création
Avec Pascale Weber, artiste
Modération : Alain Milon, philosophe


Que l’on favorise le progrès en trouvant un bon équilibre entre l’individu et son milieu, ou que l’on déshumanise la nature, le lien homme/nature semble toujours inscrit dans une relation conflictuelle. Ne peut-on pas envisager une autre logique que celle qui fait de l’homme, par sa gestion des ressources naturelles, ou de la nature, par sa résistance à l’empreinte humaine, la mesure de ce lien ? Dès ses origines, l’écologie, prisonnière de la logique duelle homme/nature, semble incapable de saisir le véritable mouvement du plan de nature, seul à même d’annuler cette dualité. Le plan de nature n’est pas une série de lignes planes tracées par une main supérieure, mais un mouvement dans lequel on ne sait plus si elle est compositeur, chef d’orchestre, instrumentiste ou mélodie.
Pascale Weber, artiste plasticienne, et enseignant-chercheur à l’université de Paris I et Alain Milon, professeur de philosophie à l’université de Paris Ouest Nanterre, mettront en scène, en faisant dialoguer leurs propres travaux, cette lecture singulière du plan de nature. Le projet, Nymphaea Alba Ballet de Pascale Weber, servira de scénographie à l’ensemble, et l’ouvrage d’Alain Milon, Philosophie de l’écologie (Le plan de nature, Paris, éd. Circé, octobre 2013) d’approche théorique.

_ Pascale Weber, artiste. Performeuse et artiste multimédia, elle travaille avec Jean Delsaux dans le cadre du duo d’artistes Hantu à la conception d’installations multimédia poétiques qui interrogent notre comportement territorial face à la mémoire collective et individuelle et où il est question de la présence et de ses ramifications qui s’étendent bien au-delà du visible
_ Modération : Alain Milon, philosophe. Philosophe et professeur à l'Université de Paris Ouest - Nanterre La Défense, il est également le fondateur et directeur des Presses Universitaires de Paris Ouest. Ses recherches sont axées sur l’écosophie et l’imagination environnementale, la philosophie de la ville, et la question du corps de la langue chez Artaud et Blanchot notamment.

Les Manèges sont un cycle de débats initié par La Maréchalerie et l’école nationale supérieure d’architecture de Versailles. Artistes, architectes, intervenants des sciences humaines sont invités à débattre d’une problématique sociale, scientifique ou politique : thématiques liées à l’architecture et à l’urbanisme, questionnements d’actualité, etc. Ces rencontres suscitent de vivants croisements de savoir-faire et de nouvelles approches du propos abordé.