Ce livre est destiné aux flâneurs. Son ambition est de faire entrer dans leur champ de vision les traces laissées, dans notre paysage urbain, par la « comédie urbaine » : l’enchaînement des traces laissées par d’innombrables acteurs venus de toutes les sphères sociales, enchaînement qui crée nos rues et nos places, ces œuvres collectives. Ces assemblages, véritables tours de Babel, résultent d’équilibres entre les moyens, intérêts, représentations et idées de groupes sociaux qui ne partagent pas la même « langue constructive ». La comédie urbaine insiste sur la complexité de l’entreprise collective nommée ville, en attirant l’attention sur les détails bizarres qu’on peut voir dans l’espace urbain, à Paris et dans bien d’autres villes françaises. Ces anomalies ne sont pas des échecs. Elles le seraient si la pertinence d’une forme urbaine était jugée à l’aune de ses concepteurs. La ville réelle n’est pas l’ombre d’une ville idéale. Les livres qui lui sont consacrés sont souvent hantés par le spectre de la cité idéale. Mais la ville est le phénomène imparfait par excellence. En mouvement perpétuel, perçue à partir de points de vue changeants, elle défi e tout jugement.
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